Dès le titre – insulte suprême des cours de récré – nous voilà renvoyé(e)s à l’enfance.
Et effectivement, en filigrane, c’est une ode aux jeux d’enfants que l’on lit. Ces rochers sur lesquels on se perche, les cailloux que l’on ramasse, les « toi-même » et « poule mouillée » qui fusent, les jeux complices mais aussi les chamailleries quotidiennes.
Car Adèle et Louison illustrent bien la rivalité entre sœurs. Les jumelles s’affranchissent au fil de l’histoire des paroles du prof de piscine, qui pourraient être celles de toute personne croisée. Quand les « vous êtes les mêmes » et « parfaitement synchronisées » font grandir le besoin de s’affranchir de l’autre et d’affirmer son caractère. C’est l’envie d’être unique tout en sachant que l’autre n’est jamais loin. Et voilà que la dispute devient un jeu. Ou peut-être l’était-elle déjà sans que personne ne l’ai deviné. C’est aussi cette grande aventure que d’être séparées. Car tandis qu’Adèle attend la voiture parentale sur le parking de la piscine, Louison décide de rentrer seule. Une course entre les deux sœurs jusqu’à la maison et bordée de pensées bienveillantes, parfois inquiètes.
Le dessin très fin et réaliste de Marion Duval (qui est aussi au texte) porte merveilleusement bien l’histoire. Faisant penser parfois à la gravure, parfois à la peinture, les tons s’assombrissent quand les rivalités entre sœurs s’apaisent. Et les pages alternent entre plans larges des bâtiments – dessin presque architectural – et plans rapprochés sur les expressions des filles, visages mutins qui rappellent une série précédente, Lubin et Lou.
Un album débordant de complicité, à lire dès 5-6 ans.