40 jours pour découvrir les coulisses de l’entrecôte…
40 jours d’immersion, sous couverture, de travail et d’enquête journalistique en plein cœur de l’un des plus grands abattoirs de Bretagne.
Il n’est bien évidemment pas question de culpabiliser qui que ce soit. Ni ceux qui mangent de la viande, ni ceux qui la mettent dans des barquettes. Geoffrey est là pour tenter de nous montrer ce que ces entreprises font pour tout cacher. C’est bien cela qu’il faut comprendre. Et pour bien nous expliquer tout ça, Geoffrey Le Guilcher nous livre en 10 chapitres une vision d’un monde qui ne broie pas que les animaux.
En quelques 167 pages, on est plongé au sein de l’abattoir Mercure (les noms d’entreprise et des employés ont été changés, pour protéger celles et ceux qui y travaillent, mais l’endroit décrit existe bel et bien), et on découvre petit à petit les différents maillon d’une chaîne qui impose aux bêtes et à ses employés une cadence infernale. Pour vous rendre compte de l’ampleur du massacre qui y est perpétré, c’est en moyenne 60 bêtes tués toutes les heures. 1 vache tuée par minute (pour ne parler que des bovidés). Pour tenir des rythmes aussi dingues, il faut bien comprendre comment les animaux sont tués, vidés, nettoyés (enfin, quand ils en ont vraiment le temps) et comment travaillent les hommes et femmes de ces entreprises.
Des hommes (pour la plupart) qui développent très tôt de sérieuses complications médicales (avec de nombreux Troubles musculo-squelettiques), et qui sont pressurisés mentalement par une direction qui dirige de main de fer cette gigantesque ruche de plus de 2000 employés. Une direction qui a beaucoup, beaucoup de mal à garder son personnel (et pour cause !), et qui fait tout pour garder le grand public loin de cette réalité (cf. la déclaration de l’industriel Jean-Paul Bigard : « On parle de viande, et surtout pas de ce qui se passe dans l’abattoir »).
Pour tenir, nombre d’entre eux s’échappent dans les paradis artificiels, se défoncent, « parce que sinon on tient pas ». Ils acceptent leur conditions de travail, car souvent à la recherche d’un CDI, promesse d’une stabilité financière pour laquelle ils sont prêts à de nombreux sacrifices. Des hommes et des femmes souvent jeunes, mais déjà bien abimés par des gestes répétitifs, des postures de travail difficiles à tenir et des cadences de travail hallucinantes…
Bravo à Geoffrey Le Guilcher pour ce formidable travail journalistique, documenté et particulièrement intelligent, qui remue évidemment celui ou celle qui le lira, et qui je l’espère fera encore bouger les lignes d’un secteur encore bien dominé par des lobbies en tous genres.
Né d’une discussion entre l’auteur et les fondateurs de l’association de défense des animaux L214, Steak Machine est le premier titre paru de cette toute jeune maison d’édition qu’est Goutte d’or, à qui nous souhaitons de très beaux succès, et une longue vie !