Mathieu Palain est journaliste, et Sale Gosse est son premier roman. Il raconte en quelques pages à la fin du livre la genèse du roman : son père qui a travaillé pour la PJJ, ses collègues et le film Polisse, qui l’a marqué et touché, que son coloc a cru au-dessus de la réalité, qui en était en fait en-deçà.
Alors il s’est immergé, pendant six mois, dans le quotidien de la PJJ d’Auxerre : « ce qui devait être un article, ou un livre de journaliste, est devenu un roman » explique-t-il. Et quel roman ! On commence par suivre Marc, éducateur à la PJJ, en milieu ouvert. Il s’occupe du cas de Louise Desson, 21 ans, qui est en fait le cas de son fils Wilfried, huit mois, qui d’après les voisins pleure sans discontinuer. Père alcoolique et violent, mère toxicomane : finalement, le juge décide de placer l’enfant en famille d’accueil. Et c’est lui qu’on retrouve à 16 ans, viré du centre de formation en football pro de l’AJ Auxerre, désœuvré et emplie d’une colère visiblement liée à une crise identitaire et affective. Finalement, la violence enfouie aura raison de lui et le voilà suivi par Nina, une collègue de Marc.
Les points de vue alternent, de celui des jeunes suivis à celui des éducateurs, du milieu ouvert au foyer, en passant par le CEF, centre éducatif fermé. L’histoire de Wilfried, son parcours, et son lien avec Nina font de Sale gosse un récit prenant et oh si touchant. On sent que ce qui anime Mathieu Plain et sa plume c’est simplement un souci de dire, de raconter. Son écriture est confiante – c’est celle d’un journaliste aussi, qui va droit au but ; et elle a la simplicité d’un premier roman. Ici la narration raconte, rien de plus, mais les mots sont choisis et tous à la place qui leur incombe, dans une énergie très fluide. Les dialogues quant à eux concentrent la richesse de la langue, il y a les mots et beaucoup plus, tout ce qu’ils revêtent de sens et leurs connotations. La langue des éducs, celle des parents, celle des juges ; la langue des jeunes, celle de la cité, celle des immigrés, celle aussi de ceux qui ont vécu mille vies à quatorze ans.
Définitivement, une réussite, et c’est à découvrir aux éditions de l’Iconoclaste à la rentrée ; vous pouvez d’ailleurs retrouver en suivant ce lien, sur le site de l’éditeur, une playlist dans laquelle se lancer en même temps que la lecture.
Parution le 21 août 2019
Précommande disponible ci-dessous :