Il arrive parfois que l’on reçoive des ouvrages, et que l’on ne sache pas où les ranger, comment les classer. Plutôt pour enfants ou pour adultes? Un album ou une bande dessinée? Parfois, on a des indices, la bibliographie de l’auteur, une scène un peu olé olé ou encore un mot, une expression qui lèvent le doute. Avec Simon Roussin, peu d’indices pour nous guider. Il a écrit et illustré des livres pour les grands et les petits, sous de nombreuses formes. Quant au contenu, son univers oscille entre souvenirs d’enfance et age adulte, la frontière entre ces univers étant particulièrement poreuse…
Alors, Prisonnier des glaces, c’est quoi? Un album, ça c’est sur. Du texte, des grandes illustrations qui envahissent toute la page et dans lesquelles on peut se plonger et se perdre. Et puis c’est un bel objet : très grand format, papier épais, impression en trichromie.
Ça raconte l’histoire de Ferdinand Pépin, célèbre aviateur, qui cherche dans les glaces du Grand Nord la trace de Charles Robinson, un autre aventurier. S’il se trouve là, c’est parce que Helen le lui a demandé et que pour elle, il est prêt à tout. C’est ce qu’il raconte dans sa lettre à un ancien compagnon de route, lui aussi amoureux de Helen, lui aussi délaissé. Il revient avec nostalgie sur le souvenir de leurs aventures à se faire dresser les cheveux sur la tête, sans oublier sa quête et son sacrifice à une femme dont l’amour est dangereux…
Avec ses grandes planches aux couleurs superposées, sur lesquelles viennent se poser ses personnages aux couleurs vives, Simon Roussin nous livre un album tout simplement grandiose. On y sent tout son amour pour le cinéma, notamment les grands films de Hollywood des années 50, où aventure et héroïsme se mêlent au glamour et où l’on découvre des amours tragiques et des destins brisés. Le récit est rythmé par les souvenirs du passé, qui viennent se mêler aux décors glacés que le héros traverse et s’efface parfois complètement devant la grandeur de la nature ou la folie des hommes.
Prisonnier des glaces est vraiment un album splendide, que les adultes et les enfants les plus grands adoreront, tant tous les ingrédients du drame sont rassemblés. En plus, la bonne nouvelle, c’est que cet album n’est que le début d’un petit cycle de livres que Simon Roussin va consacrer à la grande aventure de l’aéropostale! Suite donc, au prochain numéro!