En voilà un autre que j’attendais avec impatience, voire que j’attendais au tournant. Sylvain Prudhomme m’avait conquise avec Légende, il y a deux ans, mais c’était aussi parce que je connaissais les lieux dans lesquels ses personnages évoluaient, que j’y étais attachée.
Dans Par les routes, on démarre aussi d’une petite ville du sud-est de la France, la France de la Provence, des petits villages où il fait bon s’installer. Sacha, notre narrateur, y emménage tout juste lorsqu’on le rejoint. Sacha est auteur, il démarre un projet de roman. Il s’installe à V. et y retrouve presque pas par hasard l’autostoppeur, qui ne sera jamais plus nommé que comme cela. Ami de jeunesse, colocataire de la vingtaine, ils ont été inséparables et se sont déchirés. Quand il retrouve l’autostoppeur, il y a dans la vie de ce-dernier Marie, belle et studieuse traductrice de l’italien, et Agustín, petit bonhomme attachant, fort d’une sagesse étrange et fougueux comme on peut l’être à neuf ans.
L’autostoppeur est surnommé ainsi parce que régulièrement, il s’arme d’un sac à dos, d’un panneau de carton sur lequel il griffonne le nom d’une ville, et en avant pour un trajet en autostop jusqu’à un coin non visité encore. Pour le plaisir de la route mais surtout le plaisir des inconnus, ces gens que le hasard le plus total a mis sur la route, que jamais plus il se croisera, et avec qui il partage pourtant des souvenirs, tel bout de France, telle discussion…
Par les routes raconte celui qui part mais aussi et surtout ceux qui restent. Sacha, Marie, Agustín restent. Ils comprennent la nécessité de l’ailleurs, du toujours plus, du toujours plus loin, du jeu et de la collection. Mais ils restent et attendent, se languissent jusqu’à la lassitude qui menace. De son écriture saccadée, de ses dialogues indistincts, Sylvain Prudhomme s’attache aux petites aventures qui n’en sont que plus grandioses, à la perte qui engendre forcément des retrouvailles, à comment on change, et comment on grandit.
Sylvain Prudhomme a la plume addictive et on regrette le moment où, la dernière ligne du roman terminée, il est temps de le quitter.
Parution le 22 août 2019. Précommande disponible ici :