Pour paraphraser Edmond, un des personnages du roman, « Bon Dieu de bon Dieu ! » Mais quelle écriture, quelle prose, quelle merveille, quelle intelligence… Les mots me paraissent pourtant assez vains et creux pour évoquer avec vous l’admiration que j’ai pour les romans de Franck Bouysse. Découvert l’année dernière avec son incroyable « Glaise » (oui oui je sais, j’arrive souvent après la bataille ^^), Né d’aucune femme nous emporte cette fois un peu plus loin, dans cette histoire bouleversante, pétrie de malheurs, de souffrances et d’abandons. Dit comme ça vous me direz : « Hmmm, je sais pas trop si j’ai envie de lire ça ». Alors je vous répondrais que je vous comprends, mais que vous passeriez à côté d’un des plus beaux textes parus ces dernières années. Rien que ça.
Franck nous offre, à travers le pouvoir ensorcelant de ces mots, le destin d’une femme extraordinaire. Un destin qui aurait du rester secret mais que l’on va découvrir à travers des carnets qu’elle a annoté pendant quelques années. Le Père Gabriel, qui va recueillir les carnets au moment de bénir le corps d’une femme dans un asile, va nous conter la vibrante histoire de Rose, une histoire que vous ne serez pas prêts d’oublier.
« Le problème avec les choses qui vous font du bien, c’est que vous avez envie de les refaire, même et surtout quand vous savez plus être en mesure de les faire »
Un des grands talents de Franck est celui de saisir la beauté où quelle soit, mais surtout dans des les endroits et les moments les plus inattendus : dans l’évocation d’un amour empêché, dans la description de forêts denses et mystérieuses, mais aussi dans l’horreur qui peut germer dans le cœur des hommes. Il sait également donner voix aux taiseux de ce monde, aux destins fracassés, aux âmes sombres, et à celles et ceux qui sont restés trop longtemps rongés par le silence et les remords.
Vous n’aurez de cesse, à la lecture de cet incroyable texte, d’être saisis par l’irrésistible attraction de la beauté des mots, de ce destin sans pareil et de vous dire que la vie, même lorsqu’elle côtoie l’horreur et l’effroi, vaut mille fois d’être vécue. Vous n’aurez de cesse d’être émus, émerveillés, et d’être portés par l’espoir, même lorsqu’il se fait infime et dérisoire.
Plongez, plongez donc dans la beauté de ce somptueux roman, vous en ressortirez grandis, assurément vivants.
– A paraitre le 10 janvier 2019 au sein de l’extraordinaire Manufacture de Livres –
1 commentaire
L’essence même du roman ou comment survivre grâce aux mots…Tout cela dans la Corrèze « where the wilde Roses grow ».