Cet album grand format, c’est l’histoire d’un immeuble/d’un quartier qui évolue au fil des saisons. On regarde ces changements aussi attentivement que le petit mouton du 3e étage. Un mouton qui s’ennuie terriblement dans un quartier triste à mourir, où rien ne bouge à part le policier qui fait sa ronde et de temps en temps un rare vélo qui passe. Les gens y sont tristes, rouspètent, surveillent. Nous, ça nous faire sourire ce quartier de moutons où les affiches électorales invitent à voter grégaire – on y verrait bien là une double adresse, parce que les albums jeunesse, c’est aussi fait pour séduire les grands.
Et puis un jour, aménage une famille de loups. Dans un quartier de moutons, c’est la panique, on a peur pour son derrière. Seul le mouton du 3e trouve ça formidable ce changement. Et à partir de cet évènement, le quartier commence à bouger, à accueillir une par une de nouvelles familles. On remarque des tags, des projets en réflexion, de la verdure qui arrive, un code vestimentaire moins strict, même le policier troque képi et chaussures contre chapeau de paille et tongs.
Quelques notes de musique, coups de peinture, murs cassés, verres en terrasse, après-midi jardinage, parties de ping-pong, barbeucs, cours de danse plus tard, on se retrouve – sans s’en être vraiment rendu compte – dans un quartier où l’on vit dehors, où chacun prête attention à son voisin et surtout où chacun a sa place (qui a dit qu’une pieuvre ne pouvait pas vivre dans un immeuble ?).
En soi c’est une jolie leçon de vie en société, de métissage, de tolérance – et parfois d’écologie aussi. Quand le partage, les compétences et idées mutualisées permettent – même à tout petits pas – d’arriver à un résultat qui donne envie. Qui donne envie d’avoir un regard critique sur soi, sur son environnement proche, qui donne envie de se retrousser les manches et d’agir – même à toute petite échelle. Parce qu’on rêve d’y vivre dans ce quartier « foutoir », comme le nomment les moutons grincheux qui sont partis vers des immeubles plus calmes, figés. Nous on rajouterait bien joyeux devant. Joyeux foutoir.