C’est une histoire à plusieurs voix : Marcel, Giselle, Eustache, Marguerite et Armande. D’ailleurs les personnages sont listés dès la première page, à la manière d’une pièce de théâtre, où le texte, les mots sont choisis avec soin et où l’oralité a une place importante. L’histoire agit comme un dialogue entre les personnages, une aventure, une épopée que l’on raconte et où chacun apporte son point de vue, les détails oubliés par l’autre.
Ça commence en nous rappelant le conte de Hansel et Gretel, dans un univers un peu effrayant peuplé d’arbres hurlants, d’insectes et de serpents gluants avant que les couleurs ne prennent le dessus. Après avoir entendu une conversation entre leur père et la voisine qui menace d’embarquer les enfants si le père ne se ressaisit pas, Marcel et Giselle décident de fuir. Et les voilà qui débarquent chez une diva d’opéra dont les plantes sont acidulées et les lits en mâchemallos – façade de douceur pour une ogresse. Je ne vous raconte pas la suite mais, à notre grande joie, l’histoire fonctionne par elle-même, allusions à des thématiques très actuelles et clins d’œil au conte sans devenir une énième réécriture.
Avec les « quelques mots sucrés venus du Québec », le texte est encore plus percutant, sonorités roulantes et mots inconnus pour nous chantent au milieu des phrases. Les très belles illustrations de Natali Fortier savent être effrayantes ou lumineuses d’une page à l’autre et suggèrent un imaginaire absolument merveilleux. Une histoire joyeuse avec du sirop d’érable dedans, à savourer dès 5 ans.