Je ne peux pas m’empêcher de vous parler de ce texte édité par Nobrow. Lost property et son format très court, entre roman graphique et bande-dessinée, m’a terriblement émue.
Les planches mettent en scène un facteur assez altruiste qui a toujours géré et fait parvenir les biens des autres à destination. Jusqu’au jour où, au beau milieu de son assiette de frites-poisson pané-petits pois, il reçoit un appel inattendu du bureau des objets perdus. Doucement, inconsciemment, on passe du dévouement de ce Gérald à une sorte d’introspection.
Lorsqu’il se rend à l’office pour y récupérer son coupe-papier, chaque objet lui semble familier. Et pour cause, les tubas, télescopes et autres maquettes de bateaux lui ont appartenu un jour et l’obligent un peu brutalement à plonger en apnée dans ses souvenirs, à se prendre en pleine figure une cave entière de morceaux de passé. D’ailleurs l’employée elle-même se révèle être une ancienne camarade perdue de vue.
Maintenant vous pouvez facilement imaginer l’impression d’absurdité qui nous submerge à la lecture – pour ma part, je deviens facilement aussi perdue que Gérald. Cela dit, malgré les bouleversements, après être passé de la stupéfaction au questionnement de son passé, de ses choix de vie, il réussit à apprivoiser à nouveau ces objets assez naturellement, à les coordonner pour créer un tout et l’ancrer dans le présent – le résultat est merveilleux vous verrez !
La chose que j’oublie de vous dire est qu’il s’agit d’un texte en anglais. Le niveau de langue y est très abordable et le format fait que l’on réussit à aller au bout, tout en saisissant la teneur.