En voilà une parfaite histoire à glisser dans les sacs à dos avant de prendre le bateau des vacances.
Tout commence le vendredi d’avant la rentrée, quand le puissant ministre de l’Éducation nationale décide de réunir ses conseillers pour leur annoncer qu’à partir de maintenant, toute classe devra compter trente élèves ou fermer. Drastique. Forcément, pour l’île aux Moutons qui ne compte que vingt-neuf élèves dans une classe rassemblant les CP, CE1, CE2, CM1 et CM2, c’est désastreux. Surtout que l’inspectrice débarque le premier jour de classe pour inspecter bien sûr et compter les élèves. Le verdict est lâché, l’école doit fermer.
C’est sans compter la ténacité du vétérimaire et l’imagination, la débrouillardise des habitants de l’île qui décident d’inscrire Vincent, un mouton de seize mois – six ans si on convertit, l’âge du CP – comme 30e élève. Et voilà que – grâce à la surmédiatisation de l’histoire #Mêêêê – le ministre débarque sur l’île le vendredi. Quand le titre paraît laisser peu de place au suspense, on découvre une histoire et une écriture qui nous tiendront en haleine jusqu’au tout dernier chapitre – le dimanche.
Aussi drôle que militant, le roman dépeint un ministre associal, colérique, absolument déconnecté de la réalité qui nous fera rire autant que l’inscription loufoque de Vincent. Une caricature du gouvernement à peine (voire pas du tout) exagérée puisque « les journaux en ont parlé ». Voilà qu’on comprend (adulte) pourquoi Vincent s’appelle Vincent.
Et puis il y a aussi les illustrations de Pauline Kerleroux, minimalistes et géniales, aplats de couleurs qui donnent une énergie entraînante au roman et permettront aux plus jeunes de respirer, ponctuer la lecture.
Le graphisme dynamique est couplé à un suspense qui sent bon les embruns pour une histoire qui nous emmène loin, très loin, sur cette île du bout du monde (qu’on reconnaît à sa forme, à ses moutons, qui rappelle les vacances d’il y a vingt ans). À dévorer dès 8-9 ans.