Après Le loup et la petite fille et Nous, quand on sera grands, voici un nouvel album qui détourne le conte mythique du petit chaperon rouge en cette rentrée. Ce sont plutôt les illustrations qui font appel à cette culture commune car ni le loup ni le chaperon ne sont explicitement nommés. D’ailleurs personne ne va chez sa grand-mère non plus.
Le grand méchant Graou, sorte de bête du Gévaudan, est présentée comme une légende terrifiante pour des villageois qui n’ont parfois même jamais croisé sa route. Et pour impressionner aussi le lecteur, le texte et les illustrations jouent sur la peur, le mystère. On commence par voir une queue, puis des empreintes, puis une fourche abandonnée. Ce jeu de volumes dans l’illustration est présent tout au long du livre et accentue l’immensité du Graou face aux trèfles, papillons puis petite fille – cheveux, yeux, chaperon rouge.
Car il s’agit de l’histoire d’une rencontre. Le Graou, qui se plaisait bien dans sa tranquille solitude va soudain recevoir la visite d’une petite fille qu’il n’effraye pas, au mieux décoiffe un peu. Et celle-ci a en tête de devenir son amie, par des stratagèmes qui se transforment en moments de complicité et les métamorphosent eux-mêmes. Le texte est particulièrement juste, parfois drôle pour retracer cette amitié naissante, cette découverte de l’autre. Une jolie histoire à découvrir dès 4 ans.