Quand on a l’habitude de lire beaucoup de fiction, on est un peu déstabilisés par Le Fond du port. « Des récits », nous indiquent les Éditions du sous-sol en couverture.
Joseph Mitchell est en fait un reporter américain, connu pour ses chroniques dans le New Yorker, comme nous l’apprend la préface en début d’ouvrage, « Le secret de Joseph Mitchell » (d’après son récit qui a fait de lui une véritable star aux États-Unis, Le Secret de Joe Gould). Le recueil, publié pour la première fois en 1960, propose six courts textes de Mitchell, dans lesquels il nous propose chaque fois de découvrir les secrets du New York portuaire.
Le fil conducteur, c’est donc la vie qui s’organise autour de l’eau, des capitaines de chalutier qui font un art de la pêche de l’alose et de la cuisine du homard, aux rats qui envahissent les recoins de la ville en arrivant par bateau.
Un restaurateur, un pêcheur peintre et trompettiste à ses heures, le président du conseil d’administration d’une église sur Staten Island… Ces « anonymes » connaissent le port et son histoire sur le bout des doigts, et se confient généreusement à l’auteur.
On se prend au jeu, et on ne cherche même pas à démêler le vrai du faux, le réel de l’imaginé. Parce que Mitchell joue avec les faits et les romances. Cela nous donne des textes incontestablement littéraires, dans un style simple et vibrant.
Le vrai trésor qu’a à nous offrir cet endroit, ce sont les gens qui le peuplent, et ces textes sont rassemblés ici comme pour les faire vivre éternellement. Presque une leçon de vie ; en tout cas un voyage vers le New York des années 50, une plongée dans les bruits et les odeurs de son port et de son marché aux poissons.
A lire pour changer des romans…