Après L’Art d’être libre (dans un monde absurde), Tom Hodgkinson, auteur et journaliste britannique revient avec, cette fois, un petit manuel de fainéantise. L’oisiveté, il en avait déjà fait l’éloge dans son premier écrit, qui d’ailleurs a été un bon petit best-seller mondial – et nous, on vous en a tout plein parlé si vous êtes passé en magasin !
L’auteur découpe la journée en 24 heures (et donc 24 chapitres) qui sont autant de prétextes à ne rien faire. Ou en tout cas à ne pas travailler. Le postulat, c’est qu’être paresseux, c’est pas donné à tout le monde, ça s’apprend, ça se pratique, ça s’apprivoise et enfin, ça se maîtrise. La grasse matinée, l’heure du thé, la maladie, la pêche, le sexe, la méditation, le pub… voilà quelques exemples de titres qui sont donc, aussi, des moyens de s’adonner à l’oisiveté.
Tom Hodgkinson est érudit, et il truffe son texte de références littéraires de toutes les époques. Il nous parle par exemple de Bartleby, le scribe de Melville champion de la paresse, qui répond « J’aimerai mieux pas » à son employeur chaque fois qu’il lui donne une tâche à exécuter. Ce livre c’est donc aussi un peu un voyage dans le temps et l’histoire de l’art de ne rien faire.
Hodgkinson est aussi impertinent, parfois presque provocateur. Il prend totalement à rebours l’injonction selon laquelle nous devrions toujours être performants, la dézingue complètement, et prône un mode de vie hédoniste qu’il affirme être le seul valable, de façon délibérément jusqu’au-boutiste.
Et c’est agréable, franchement. C’est comme si on lisait une parodie d’un manuel d’organisation : « comment optimiser votre journée » non plus pour être efficace mais juste pour paresser au mieux. Parce que les injonctions autour de la façon de mener sa vie au travail/dans les tâches ménagères/dans sa vie de famille/tout en faisant du sport/ en allant au cinéma/et en lisant beaucoup sont partout comme une définition de la façon d’être le plus épanoui possible… Alors même s’il va parfois un peu loin, piochons chez Hodgkinson ce que l’on a envie d’y lire, mais surtout – et pour moins c’est ce qui est le plus important – l’un de ses messages principaux : arrêtons de nous culpabiliser nous-mêmes et embrassons nos moments d’oisiveté.