C’est beau. Incroyablement, immensément beau, un album stupéfiant de beauté et d’émerveillement. Car c’est bien ce dont le monde a besoin à mon sens : l’émerveillement, qui nous rend davantage supportable le tracas de nos quotidiens, de nos vies. « La montagne » de Carmen chica & Manuel Marsol ne répond volontairement pas à cela, mais c’est l’écho que je m’en fais, et que je vous invite prestement à découvrir.
Un homme est au volant de son camion de livraison rouge. Un jour comme tous les autres, où il traverse la montagne, il décide d’en sortir pour soulager urgemment un besoin des plus naturels. Pour se faire, il se trouve une jolie clairière reculée, entreprend ensuite de retrouver le chemin du retour vers son camion. N’y arrivant pas, il va marcher par-ci par-là, mais en vain. Pas la moindre trace de son camion, et personne pour l’aider.
C’est à ce moment que l’homme va décider de suivre un petit personnage noir aux yeux rouges et intrigants, qui va le faire basculer dans un tout autre univers, dans lequel il se métamorphose. Ces changements aussi soudains que surprenants se présenteront, à la lecture de l’album, comme quelque chose de finalement tout à fait normal. Des mutations en totale harmonie avec cette bienveillante nature. Au fil des pages on se surprend à ne plus savoir ce qui est de l’ordre du surnaturel, et ce qui ne l’est pas.
Véritable ode à la nature, à notre capacité à communier avec elle et à la respecter, ce sublime album nous rappelle l’univers et les contrées fascinantes de « Mon voisin totoro » ou « Princesse Mononoke » (entre autres) d’Hayao Miyazaki. Mystérieux et déroutant, drôle et inventif, espiègle et fascinant, La montagne fait partie de ces livres rares, qui ne ressemblent à aucun autre. Que les enfants et les adultes liront avec le même plaisir, à des niveaux différents.
Je ne veux rien vous dévoiler de ces magnifiques peintures, et vous propose plutôt de vous rendre à la librairie (ou chez votre libraire préféré pour les plus lointains), pour vous saisir à votre tour de ce bel album et de ces belles illustrations, pour vous aventurer vous aussi sur ces chemins qui mènent à l’étrange et au merveilleux.
Un album qui ne pouvait définitivement être édité qu’aux Éditions des Fourmis Rouges, que l’on aime tant.
Je vous invite également à vous rendre sur le site internet de Manuel, dont les œuvres toutes plus magnifiques et singulières les unes que les autres ne manqueront pas de vous interpeler profondément.