Il est de ces livres qui vous appelle, vous attire telle une araignée vers sa toile. De ces livres qui intriguent, que l’on trouve si mystérieux et si beaux à la fois qu’on le regarde et re-regarde sans même avoir lu un mot. Et puis vient le temps où vous vous lancez. Les mots s’enchainent et se marient à merveille aux illustrations. Il dévoilent, révèlent et mettent encore plus en beauté le dessin; et inversement ! Une fois lu, l’album refermé, vous vous surprenez à le caresser, le cajoler telle une mère avec son enfant.
Deux auteurs et un illustrateur d’Amérique latine pour ce double album à la thématique forte et cruelle. Comme vous pouvez vous en douter les deux histoires (recto/verso) parlent de la mort; la pire qu’il soit : l’inacceptable et invivable, celle d’une mère en deuil.
Dans Le Départ, le Mexicain Alberto Chimal décrit avec précision et lenteur le douloureux, le monstrueux deuil d’une mère qui perd son enfant lors d’un tremblement de terre.
Dans La Mère et la Mort, partez aux côtés d’une mère traversant les paysages des plus hostiles, prête à sacrifier sa chair pour retrouver son enfant. L’Argentin Alberto Laiseca s’inspire alors ici d’un conte de Hans Andersen…
Abandonnez la traditionnelle tisane au coin du feu, servez-vous plutôt un whisky (ou un Mezcal serait l’idéal) et partez affronter cette angoisseuse peur qui habite, ou comment exorciser par la littérature et l’art (avec cette chaude pointe d’alcool au fond de votre gosier) la chose la plus difficile à ingérer qu’il soit !
Gros coup de cœur pour ce livre et notamment pour les sublimes illustrations de l’argentin Nicolas Arispe dignes de l’univers d’Edward Gorey et de José Guadalupe Posada qui m’ont également évoquées le style graphique de l’illustrateur français Lionel Richerand !