Avec ses codes empruntés au cinéma – générique et cadrages inclus – Duel au soleil fonctionne comme un western qui nous embarque au fin fond du Far West jusqu’à n’entendre plus que le vent siffler et les herbes sèches rouler au fil des bourrasques. D’ailleurs, c’est beaucoup le visuel qui raconte l’histoire.
La tension est à son comble dès les premières pages. Au milieu de ce désert poussiéreux, deux paires de pieds se font face sous un soleil de plomb. Puis ce sont des mains. Deux tiennent un arc, deux autres braquent un pistolet. De part et d’autre de la rivière, un indien et un cowboy se toisent, yeux concentrés et doigts sur la gâchette/la flèche. À qui détournera les yeux, tirera le premier.
Puis voilà qu’une sorte de canard se pose sur le pistolet et qu’un dialogue – bien que toujours tendu – s’engage.
– Attends !
– C’est bon, maintenant ?
– Quand tu veux !
Et le duel de reprendre, tout sérieux qu’il est, face à ce lot de divertissements ou mésaventures qui empêchera les deux hommes de se bagarrer. Car les hommes, tout comme les lecteurs ou lectrices, ne sont pas au bout de leurs surprises. Quand à chaque page, on se demande avec curiosité ce qu’il va bien – encore – pouvoir leur arriver.
Un comique de répétition qui n’a de cesse de nous surprendre et nous faire rire, tout comme les plans serrés sur les yeux plissés de concentration, la profondeur de la rivière inattendue, cette musique de western qui résonne au creux de l’oreille et ce duel qui pourrait être un jeu absurde. Jusqu’aux couleurs, qui elles-mêmes, nous indiquent que ça va chauffer. C’est comme ça que ça se passe dans le Far West…
Un plaisir de retrouver le trait de Manuel Marsol que l’on connaît depuis peu – depuis là à vrai dire – et dont on découvre aussi la plume. Un auteur à suivre !