(c) Le petits voleurs de mots
Je sais que vous aimez bien les concours ^^
Et puisque nous sommes en période estivale, que vous êtes pourvu(e) de vos lunettes de soleil et de votre plus beau maillot (de bain), peut-être même tranquillement installé(e) au creux d’un transat, un mojito (attention l’abus d’alcool…) à la main et un livre sous les yeux, j’me suis dit qu’un p’tit concours serait le bienvenue, non !?
Ma foi ! Les vacances c’est LA période propice à la lecture (et aux mojitos ^^), je vous ai alors mijoté un concours aux p’tits oignons (sans qu’on ait besoin de sortir nos mouchoirs… ^^ ).
Avant toute chose, sachez que le gagnant du concours recevra en septembre (histoire de ré-attaquer la rentrée avec bonus) une jolie besace spatiale remplie de livres (album, roman adulte…) et autres cadeaux mystères (histoire d’attaquer la rentrée avec poésie)
Vous êtes prêt(e) ? Voici les règles du jeu :
Il y a des livres qui ne laissent pas indifférent, merveilleusement bien écrits, des phrases qui bousculent. Je vous propose de citer, en commentaire, une phrase ou un bout de texte que vous auriez stabiloté, un passage que vous trouvez juste beau, une métaphore poétique ou loufoque, ou bien des mots encrés dans votre réalité. Et merci d’indiquer de quel roman est tiré l’extrait (et la page ! histoire qu’on vérifie téh !) Exemple de celui que je suis en train de lire (roman ado qui sortira en août ^^) :
Je pense à cette expression « Une vie de chien ». Mon chien à moi, il est au chaud, dans son panier près de mon lit, digérant son dernier repas, ou rêvant du prochain. Mon chien, il ne voudrait pas de la vie de cet homme. [« Tu ne sais rien de l’amour » de Mikaël Ollivier – page 56]
Le concours prendra fin le 1er septembre 🙂 A vos lectures !
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« Ce n’est pas vrai.S’il n’y avait pas de joie, il n’y aurait pas de monde. Ce n’est pas vrai qu’il n’y a pas de joie. Quand on dit qu’il n’y a pas de joie, on perd confiance. Il ne faut pas perdre confiance.Il faut se souvenir que la confiance c’est déjà de la joie. L’espérance que ce sera tout à l’heure, l’espérance que ce sera demain, que ça va arriver, que c’est là, que ça nous touche, que ça attend, que ça se gonfle, que ça va crever tout d’un coup, que ça va couler dans notre bouche, que ça va nous faire boire, qu’on n’aura plus soif, qu’on n’aura plus mal, qu’on va aimer. » Jean Giono Que me joie demeure. Livre que j’ai lu en juin, et que j’ai adoré.
» Moi, je veux tout, tout de suite, – et que ce soit entier – ou alors je refuse! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d’un petit morceau si j’ai été bien sage. Je veux être sûre de tout aujourd’hui et que cela soit aussi beau que quand j’étais petite – ou mourir. »
Extrait de Antigone d’ Anouilh – page 95 éditions de la table ronde.
Je pioche dans les classiques mais c’est une citation qui me suis depuis mes 15 ans au moins….
La guerre…Peut-être les peuples ont-ils besoin de ces cauchemars. Ils saccagent ce qu’ils ont mis des siècles à construire. On détruit ce qu’hier on louait. On autorise ce que l’on interdisait. On favorise ce que jadis on condamnait. La guerre c’est une grande main qui balaie le monde. C’est le lieu où triomphe le médiocre, le criminel reçoit l’auréole du saint, on se prosterne devant lui, on l’acclame on l’adule. Faut-il donc que la vie paraisse aux hommes d’une si lugubre monotonie pour qu’ils désirent ainsi le massacre et la ruine ?Je les ai vus bondir au bord du gouffre, cheminer sur son arête et regarder avec fascination l’horreur du vide dans lequel s’agitaient les plus viles passions.
Le rapport de Brodeck
Dévoré en BD avec le monstrueux Larcenet et dévoré en roman avec la merveille de Claudel.
Il y a un avant et un après avoir lu cette merveille.
« C’est peut-être ça aimer, s’asseoir sur un fauteuil au milieu du salon, étendre les jambes, prendre position, ressasser tout ce qui a entravé nos rêves, les petits croche-pieds du bonheur, puis laisser courir son regard sur les choses banales de la vie, un cendrier dans lequel l’être aimé a posé sa pipe, une paire de bottes, un jeu de cartes, une photo dans un cadre bancal, et se dire que ce fauteuil sur lequel on est assis, c’est la place de l’être aimé et que toutes ces petites choses, ce sont ses empreintes, ses traces, sa présence, et ressentir de la douceur en chacune d’elles, une douceur qui nous enveloppe sur le velours tanné, avec l’assise et le dossier déformés par l’usage, nous déchire le coeur jusqu’à le rendre poreux, défaillant, aimant.
Alors on reste sur le fauteuil, longtemps, inapte à la rancoeur et aux regrets, lové, recroquevillé sur la douceur des petites choses et on ressent comme une légère brise, ont l’impression d’avoir attrapé l’amour, de l’étreindre pour l’éternité. »
Corinne Royer, Et leurs baisers au loin les suivent, Actes Sud (p.129-130)
« on a l’impression » pas « ont l’impression » dans la dernière phrase, désolée pour la typo !
J’adore Beatrice Alemagna
»Quelle journée!
Dire que jamais personne avant moi
n’avait rencontré cette merveille.
Dire que je savais faire une chose
mieux que quiconque:
trouver des DODUS-VELUS-PETITS!’
(Le merveilleux DODU-VELU-PETIT )
Mes héros étaient faits du même sang que le mien, nous traversions les mêmes épreuves de l’abandon, de la malveillances hommes, et de l’injustice des sociétés. Leur épopée me racontait qu’il était possible de s’élever au-dessus de la fadeur des jours et du malheur de vivre. Quand ils parlent des merveilleux malheurs dont ils ont triomphé, nos héros nous montrent le chemin.
Chacun de nous a besoin de héros pour vivre, l’enfant pour se construire, l’adulte pour se réparer.
Boris CYRULNIK, Ivres paradis bonheurs héroïques, Odile Jacob, page 9
» Elle aussi, ça la chatouillait de pleurer. Elle hésitait. L’ancienne catcheuse empêchait l’ancienne fille de se laisser aller. C’était joli à voir et ça m’a distrait un peu. »
Oscar et la dame rose
Eric-Emmanuel Schmitt
« C’est alors qu’un petit vent magicien se met à souffler, souffler si fort que, un à un, les mouchoirs se décrochent et s’envolent dans une ronde folle!
Il souffle encore et encore, ce petit vent polisson, et chagrins à pois, à rayures, à fleurs, à trous, à carreaux, de toutes les couleurs…se transforment… en papillons! »
Extrait de l’album Célestin le ramasseur du petit matin, de S. Poillevé et M. Goust, édition les albums du Père Castor. Page 20.
« Le soleil des jours heureux nous réchauffera le sang et le souvenir de l’horreur écartera de nous les regrets »
Eldorado – Laurent Gaudé – page 48
« Je me dois peut-être de préciser un détail à propos de mon frère.
Les gens pensent que, sous prétexte qu’il est sourd, il ne peut pas être foncièrement mauvais.
Mais sa surdité n’a pourtant rien à voir avec le fait qu’il soit un sale con. »
Transparence.
Splendeurs et misères de Günter Glass roi des carreaux.
Alex Christofi
Page 14
« Mes enfants n’étaient pas là : j’avais souvent rêver de les serrer dans mes bras, car le corps des enfants est le seul point d’amnésie possible. En cas de difficulté, il devient l’unique rempart à la réalité ». David Foenkinos « Je vais mieux » – p 188, Editions Folio (acheté chez vous bien sûr !)
» Je m’appelle Louison Mignon, j’ai six ans et demi.
Et toi, mon petit chiot, tu n’es pas encore né.
Tu naîtras bientôt. Pour ton nom, j’hésite encore.
Aubergine, peut-être. Ou Banjo.
Ou autre chose, on verra bien. En attendant,
tu dors quelque part et je ne sais même pas où exactement,
c’est un secret.
Tu dors là où il fait encore nuit. Tu dors avant la vie.
Avant la vie, c’est déjà la vie, mais en plus petit.
Aujourd’hui tu n’es pas beaucoup plus gros
qu’un cornichon, à l’abri dans le ventre de ta maman. »
♥ Extraits de *Louison Mignon cherche son chiot* de Alex Cousseau et Charles Dutertre,
paru aux éditions du Rouergue en 2015. Pages 8, 9 et 10.
☼ Un autre petit extrait en bonus de la page 23 :
« C’est toujours comme ça.
Quand les secrets sont bien mûrs,
on les cueille et il en vient d’autres. »
« J’aurais voulu que mon père croie aux fantômes. À mes terreurs. Accepte notre monde aux règles floues, chaque jour réinventées, sans autre point de mire que la joie et l’amour fou ; qu’il s’y love un instant, pour voir. Me voir »
Valentine Goby – Baumes – coll. Essences éd. Actes Sud, 2014, p 19
» Avec elle je me tenais la langue, tout absorbée que j’étais à la contempler (je ne peux guère dire autrement), à tenter de percer un mystère qui, je le savais, ne me serait jamais livré. Elle parlait, elle parlait normalement, ni plus ni moins que n’importe qui, mais je ressentais confusément cette zone intime, quasi repliée au fond d’elle-même, qui la rendait inaccessible. »
Annie Cohen – L’Alfa Roméo p85
« Elle ne croyait pas que Scott avait exactement prémédité tout ceci ; il ne préméditait même pas ses livres, si complexes qu’étaient certains d’entre eux. Monter l’intrigue de A à Z, disait-il, c’était se priver de tout l’amusement. Il affirmait que, pour lui, écrire un livre était comme trouver un fil de couleur vive dans l’herbe et le suivre pour voir où il pourrait bien conduire. Parfois le fil se rompt et te laisse les mains vides. Mais parfois – si tu es chanceux, si tu as du courage, si tu persévères – il te conduit à un trésor. Et le trésor n’est jamais l’argent que tu touches pour le livre ; le trésor est le livre. »
Histoire de Lisey /Stephen King. Le livre de poche, p. 624
Nous avons tous un livre que nous conseillons tout le temps, à tout le monde ; un livre qui nous tient particulièrement à coeur. Celui-ci est le mien 🙂
« Il faut imaginer la fragilité, la folle énergie, la détresse et la détermination de toutes celles, de tous ceux qui ont un jour accepté l’idée, pour fuir la misère ou la persécution, de tout perdre pour peut être tout regagner, au prix d’une des plus terribles mutilations qui soient : la perte de sa terre, des siens, la négation de sa langue et parfois celle de son propre nom, l’oubli de ses rites et de ses chansons. »
Le dernier gardien d’Ellis Island, Gaëlle Josse.
J’avais recopié ce passage sans en noter la page…
« Vous aimez cet homme. Cette certitude coule dans vos veines tel un sérum doré, envahit votre corps tandis que vous vous étreignez dans la cuisine, au milieu d’une cacophonie d’enfants qui chantent, qui crient et se bousculent. Dans ce décor, votre mari brille en vous comme une bougie. Il vous apaise. »
Avec mon corps, Nikki Gemmel, page 457
Qu’il n’oublie jamais le goût des belles choses. Seules les mères peuvent apporter cela aux petits hommes : la sensibilité. S’ils suivaient les pas de leurs pères, les idéalisaient, le foot, les bagnoles et la perceuse, ils étaient foutus, ils deviendraient aussi cons qu’eux. Des générations de cons ! Seules les mères pouvaient tenter de freiner la malédiction.
Il est encore temps !
« Il n’y a aucune limite dans mon temps, c’est une forme de liberté ; la liberté, là, dans la voiture de madame B., dans la musique de Supertramp, dans le ciel qui s’ouvre et qui devient bleu, la liberté quand je baisse la vitre, quand je laisse mon bras dans le vide, la liberté quand je regarde les hommes dans les yeux, quand je n’ai pas peur, la liberté, parce que la voiture sent bon le parfum et le tabac mélangés, la liberté avec le vent sur mon visage, comme un baume qui restituerait tout ce que j’ai perdu cette nuit-là, la nuit du corps de ma mère; »
« Mes mauvaises pensées », Nina Bouraoui, Folio, p.62
« Yuko Akita avait deux passions.
Le haïku.
Et la neige.
Le haïku est un genre littéraire japonais. Il s’agit d’un court poème composé de trois vers et de dix-sept syllabes. Pas une de plus.
La neige est un poème. Un poème qui tombe des nuages en flocons blancs et légers.
Ce poème vient de la bouche du ciel, de la main de Dieu.
Il porte un nom. Un nom d’une blancheur éclatante.
Neige. »
Première page du roman « Neige » de Maxence Fermine.
« Il est dommage que vous alliez et veniez à fatiguer vos yeux de par le monde. Vous devriez plutôt vous passer un rêve sur le visage dès le matin. C’est ce qui retient le temps et retarde la ride. Vous savez ce que vous allez faire ? Étendez-vous sur le sable, allongez-vous bien couchée, étirez votre âme en diagonale. Ensuite, restez ainsi, bien silencieuse, bien au ras du sol jusqu’à sentir la terre s’éprendre de vous. Je vous le dis, Dona : lorsque nous nous taisons pareils à une pierre, nous finissons par entendre les accents de la terre.” – Tombe, tombe au fond de l’eau de Mia Couto, p. 21, aux éditions Chandeigne.
Un de mes plus gros coup de coeur de cette année, un texte court (une soixantaine de pages) mais qui vaut le détour tant tout ce qui y est dit mérite d’être mis en exergue, stabiloté, murmuré à toutes les oreilles, crié sur tous les toits… La vie est une poésie avec Mia Couto. C’est doux, ça se lit, ça se dévore une deuxième fois, et encore une troisième, inlassablement, jusqu’à la prochaine… On plonge, on ne veut plus revoir la surface. Le récit est court, mais il reste éternellement noyé tout au fond de notre être. J’ai longtemps hésité pour choisir la phrase que j’allais partager avec vous 🙂
bon, la plupart des livres sont dans les cartons de déménagement, mais j’ai encore sur l’étagère un des bouquins qui m’a suivi toute mon adolescence ou presque… Manuella, Phillipe Labro, folio, p 26, un des passages que j’ai beaucoup aimé à l’époque 🙂
« plaignez, plaignez la pauvre petite poule sans amour, la gentille fille de bon aloiqui ignore ce que l’amour physique veut dire, le bébé à l’enveloppe de femme qui a les chevilles trop épaisses, les hanches trop larges, un nez trop épaté, une oreille qui dit bonjour à l’autre, des fossettes trop hautes et un menton trop pointu, et qui marche en faisant des mouvements comme les bateaux qui tanguent dans le port lorsqu’il y a de la houle »
Ho et une deuxième juste parce qu’elle est jolie :
“Si les contes de fées sont plus vrais que vrais, ce n’est pas parce qu’ils disent que les dragons existent, mais parce qu’ils disent que les dragons peuvent être vaincus.”
G.K. Chesterton, cité au début du roman « Coraline » de Neil Gaiman
« Une histoire, c’est comme une couverture de laine. Elle est faite de brins tissés. Personne ne sait qui a commencé à raconter. Mais on se passe la couverture et de jour en jour la couverture s’agrandit. Tout le monde peut venir se blottir en dessous, les vivants et les morts trouvent un endroit pour se réchauffer. C’est pour cela qu’il faut continuer à croire aux histoires et à les raconter. Parce que les morts vivent encore à travers les histoires. Avec les histoires, comme les brins de laine tressés, nous nous tenons la main. Avec les histoires, rien ne disparaît jamais. » Stéphane Servant, La langue des bêtes (je n’ai pas noté la page et n’ai pas le livre sous la main…)
« Adèle se robe rouge et talons à l’affût sur le fauteuil. Je le serviette, elle se debout et m’autorise du cou.
Je me chancelant, je me trac. Elle me chuchotements d’amour à l’oreille.
La rue se nuit, le ciel se lune. Je la nue.
La pièce se sombre, je m orage. La fermeture éclair. La robe, tonnerre. Sa tunique en l’air et ses dessous à terre. La rue se lune, le ciel se nuit. Je la nue.
Elle me peau, je la pulpe des doigts. On s’epiderme.
Je me préservatif, je m’hatif et précipitation. Je me cafouillage. Elle me coup de main. Elle me coup de langue, me coup de hanche. Je l’à-coups, la contrecoups. On se secousses, cratère et volcanique.
Elle s’ebullition. Je m’eruption. »
Je, d’un accident ou d’amour. Loic Demey au chêne éditeur page 27.
Un des plus beau texte de poésie que j’ai lu depuis longtemps je vous le recommande!
Très bonne fin d’été à vous!!
« Lui ce qu’il préfère, c’est faire la sieste au soleil, chasser les papillons et nager nu dans la rivière ». Phrase d’Ingrid Chabbert accompagnée d’une adorable illustration de Guridi dans Le grand méchant Graou <3
Et dans le même album-pépite : "Il ne pensait pas que l'amitié pouvait être si agréable et si précieuse. "
Merci pour le concours !
« Pour prendre conscience de l’essentiel, il fallait accorder assez d’importance au futile… Et je contemplais chaque détail jusqu’à ce que le dérisoire m’ouvre les portes de l’évidence. » La dictature des ronces de Guillaume Siaudeau. Et le numéro de page et bien je ne peux pas dire car je l’ai prêté …
« Il doit rester quelques rêves d’ enfant cachés sous mon oreiller, je tenterais de ne pas les écraser avec ma tête lourde de soucis d’ adulte. » La Mécanique du coeur de Mathias Malzieu ! Je n’ai pas la page car j’ai prêté le livre à ma mum
« dans le monde, certains composent des quatuors à cordes, d’autres font pousser des laitues et des tomates. Il en faut bien aussi quelques-uns qui construisent des gares, répondit Tsukuru » page 59 de l’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, de Haruki Murakami