Chers tous,
J’écris ces quelques lignes après avoir découvert quelques billets d’auteurs sur le blog de « la ficelle« .
Pour tout vous dire, j’ai toujours eu une relation compliquée avec l’École des Loisirs. Quand nous avons voulu monter la librairie, il y a plus de 8 ans, j’ai appelé Jean Delas pour lui faire part de notre projet de librairie Jeunesse. Il m’a littéralement pourri au téléphone, me disant que c’était une grosse connerie, qu’il en avait « marre d’enterrer des librairies jeunesse ». Ce coup de fil m’avait démonté à l’époque ! Moi qui pensais trouver une oreille bienveillante et attentive, je me suis retrouvé face à un mur d’incompréhension et de reproche. Je ne me suis pas démonté pour autant, et je suis allé le voir peu après au salon du livre de Paris, début 2008. Il m’a gentiment accordé 10 minutes de son temps, pendant lesquelles j’ai eu droit à : « Alors, vous n’avez toujours pas changé d’avis ? Mais pourquoi venez-vous me voir si vous n’écoutez pas mes conseils ? » pour finir par un magistral : « Bon, écoutez-moi. Je ferai tout ce qui est en mon possible pour vous aider ».
Autant vous dire que le changement actuel de « ligne éditoriale » me rappelle étrangement ce changement d’humeur, subi il y a presque 8 ans…
Voilà en substance ce qu’il se passe à l’École des Loisirs. La direction a décidé de remercier Geneviève Brisac pour se 27 ans de bons et loyaux services. 27 ans, à bâtir un univers merveilleux, entourée d’auteurs qui le sont tout autant. Je ne serai pas le libraire que je suis aujourd’hui si je n’avais pas autant pleuré devant « Sortilège » de Jean-François Chabas, autant ri devant « Le passage »de Louis Sachar, autant frémi devant « A la brocante du cœur » de Robert Cormier, autant retenu mon souffle devant « Tempête au haras » de Chris Donner. Je n’en cite que quelques uns, mais Geneviève Brisac, c’est 27 ans d’une collaboration pétrie de bienveillance à l’égard de ses auteurs. Et même si le ciel qui se dessine nous laisse augurer des horizons faits d’opérations commerciales et de têtes de gondole, je me dis qu’il sera toujours bon de se replonger encore et encore dans ces trésors de la littérature. Et de relire les billets que quelques auteurs ont eu le courage et l’intelligence de poster, pour se rappeler que si en matière de travail éditorial il est toujours possible de renoncer à l’engagement et de se résoudre à ne publier que « ce qui se vend » (du moins, ce que des algorithmes et des ratios auront décidé de sortir de leurs chapeaux), nous avons eu malgré tout la chance de pouvoir longtemps côtoyer le meilleur.
Un grand merci pour tout Geneviève, une belle continuation, et au plaisir de replonger dans vos merveilleux livres…