Le titre Nos vacances a quelque chose d’inclusif. Si bien que très vite – dès les premières pages – on comprend qu’on va y trouver (retrouver) ces moments communs, un peu universels propres à l’enfance. D’ailleurs, il a été primé cette année Pépite d’or au Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil.
C’est un livre qui parle à tous, même ceux qui ne savent pas encore lire. L’histoire est portée par les illustrations, le rythme qu’elles insufflent. Quand chaque page donne l’impression d’être face à un tableau et inspire plein de choses à raconter, la mise en page, elle, donne le rythme. Ce sont les illustrations en exergue qui s’intéressent aux détails ou annoncent la page suivante : les horloges très présentes donnent une idée du déroulé de la journée et situent l’histoire dans le temps, les repas et autres gestes quotidiens ponctuent cette grande aventure où l’ordinaire côtoie l’extraordinaire…
Tout commence par un grand-père qui appelle sa petite-fille alors qu’elle explorait les alentours. Voilà qu’elle se prépare pendant que l’heure tourne, que tous les deux vont chercher quelqu’un à la gare pendant que l’heure tourne toujours. Et le nouveau-venu, avec son attirail de cousin qui débarque pour la fin d’été, n’est autre qu’un éléphant. Finissent alors les vacances, entre tension, peut-être jalousie face à ce nouveau-venu qui vient perturber l’équilibre de l’enfant et l’exclusivité qu’elle entretenait avec son environnement, avec son grand-père.
Et voilà que l’absence de texte devient un moyen pour les enfants de se raconter l’histoire, de laisser le champ libre à toutes les interprétations possibles quant une lecture avec les parents (ou adultes) permettra d’échanger, faire des ponts entre l’enfance du livre, celle du jeune lecteur, celle de l’adulte. C’est l’enfance des souvenirs, des feux de joie, des grandes expéditions et petites blessures, des émotions en filigrane, des arbres auxquels on grimpe et des rampes auxquelles on glisse.
Le tout avec les illustrations un brin vintages de Blexbolex, qu’on dirait passées au coupe-fil tant la trame d’impression est visible. S’en dégage une impression de rêverie un peu nostalgique et toujours touchante.