Je me devais de chroniquer cette magnifique BD, qui pour moi, est une véritable déclaration d’amour à l’enfance. On connaissait l’affection toute particulière qu’éprouve Guillaume pour certains auteurs (de littérature de jeunesse ou non), et l’hommage qu’il souhaitait aussi leur rendre en publiant un album aussi beau que le 1er Billy Brouillard, mais là on peut dire qu’il s’est carrément surpassé ! Graphiquement, c’est juste somptueux. Guillaume prend un malin plaisir à se réinventer à chaque page, à pousser son style dans des horizons qu’on ne lui connaissait pas, et qui lui vont à merveille.
C’est toujours aussi beau, exigeant, généreux, et toujours profondément respectueux de cette grande (et courte) période de notre vie qu’est l’enfance. L’enfance… avec ses rêves, ses mythes, son imaginaire foisonnant… que nous adultes on a tendance à oublier beaucoup trop vite. Une des intelligences de la BD est de cultiver ce foisonnement, sans jamais prendre les enfants pour des idiots. Et même si elle flirte allègrement avec un monde obscur, ténébreux, ça n’est jamais gratuit ni glauque. C’est lumineux, positif, même si très triste parfois, en témoigne cette phrase du Père Noël qui introduit le livre, à l’intention de Billy, et à propos de la mort de son chat Tarzan :
« Je suis désolé pour Tarzan, mais vois-tu, ce sont des choses qui arrivent, des choses normales et auxquelles nous ne pouvons rien… »
N’y voyez pas là qu’un énième hommage à l’univers de Gorey ou de Tim Burton, car Guillaume a un véritable don pour insuffler à ses histoires une savante dose d’humour, de malice, de choses à la fois profondes et légères…
Et puis qu’est-ce que c’est beau !! Je me répète mais j’ai rarement pris une telle claque face à une telle exigence graphique (imaginez un peu que Guillaume a écrit et illustré Billy de A à Z), tout en restant très accessible. J’y voit là une grande générosité, et la volonté d’emmener ses lecteurs dans son univers, tout en les élevant bien haut…
La BD est ponctuée de petites scènes tirées de l’encyclopédie curieuse et bizarre de cryptozoologie, de ses petits poèmes macabres dont il a le secret, et qui en font un objet précieux, qu’on a envie de transmettre au plus grand nombre.
Un immense bravo à Guillaume pour tout ce travail accompli, et encore un immense merci à lui de venir le partager avec nous à nouveau dès demain 🙂
Billy Brouillard – Le petit garçon qui ne croyait plus au Père Noël – Guillaume Bianco
Editions Soleil – La fantastique collection Métamorphose – 22 Euros