Certes, si vous lisez exclusivement des romans historiques (-descriptifs), cherchez un essai hypra poussé (-documenté), un polar angoissant(-frissonnant); que vous aimez la littérature complexe avec des phrases à ralloooonge bourrée de mots incongrus-inconnus : Passez votre chemin ; Aurélie elle, elle va à l’essentiel ! Ce à quoi vous me répondrez vexé.e « Et c’est quoi l’essentiel ? » Béh pour moi, la littérature est essentielle quand elle transmet émotions (celles de l’auteur.e et/ou bouscule les miennes), parle à vos tripes (ou avec). C’est réussir à aller droit au but avec intégrité, honnêteté; ce qui demande un lâcher prise total. Le travail de toute une vie quand on y réfléchit [rires] …
Faire parler ses sentiments gnangnans, ses névroses et autres fantômes comme on les ressent. Aurélie nous la connaissions à la soupe essentiellement à travers son travail plastique, graphique (elle a d’ailleurs exposé à la librairie en 2016). J’avoue c’est la première fois que je la lisais. Ici, tel un carnet de croquis, elle croque l’instant avec ses mots, par brèves qu’elle nous partage, sur 4 pages maxi.
J’ai pensé longtemps, assez naïvement, que je ne vieillirais pas, que c’était pas fait pour moi, que ça ne pourrait jamais se produire dans mon cas. je ne voyais pas comment. Je ne croyais pas au fait de vieillir, l’avenir lointain, je me sentais lumineuse. Je ne veillerais pas. Je me disais que c’était forcément une force, d’avoir pu garder ma vision d’adolescente, les mêmes idéaux, la même révolte, je n’y voyais pas de l’immaturité. Je considérais les personnes qui avaient changé comme des traitres, et des traitres, le temps passant, c’était devenu plutôt la majorité, dans les gens de ma génération. Les autres, ceux qui n’avaient pas viré bourgeois, s’ils ne s’étaient pas suicidés, étaient considérés maintenant comme des losers.
Elle est touchante, émouvante, sincère, tellement vraie. Elle bataille avec la vie (et la sienne aussi) ce qui la rend attachante, vibrante, vivante. J’admire la sincérité rageuse avec laquelle elle se livre; elle vomit sa vie avec beauté. Ce bouquin pour vous en parler en une phrase : ce sont donc des brèves de son comptoir de vie qui bousculera celle de ses lecteurs à la hauteur de ce qui la met en colère. Pour ma part (si elle passe par là sait-on jamais) je tiens à la remercier parce que lire à voix haute « La baignoire » (page 10) et avoir du mal à la finir tellement ma gorge est nouée, mes yeux embués…
Certains, (peut-être) la prendront pour une folle (j’ai tellement aimé quand elle parle de/à sa sœur), et puis d’autres (comme moi) l’admirent. Cette nana a su protéger son âme d’enfant; vous savez cette histoire de filtres dont on ne doit plus (selon les normes) se servir en grandissant ; ces choses qu’on ne doit pas dire parce que « ça ne se fait pas ! Tu comprends ?! ». Elle expose la difficulté de vivre, aujourd’hui dans ce monde, quand on est clairvoyant, qu’on nait femme et encore plus femme-enfant…
Aux chiottes, dans le bus, entre deux lignes de métro ; vous avez 3 minutes : Ouvrez ce bouquin ! Chaque histoire vous procurera une (voir de multiples) émotions, réflexions, vous parlera. Parfois absurde, un brin poétique, agrémenté de colère; « Bataille (pas l’auteur) d’Aurélie William Levaux : la vie quoi !