Dès les pages de garde, le ton, la justesse, le point de vue, la douceur, l’importance des détails sont suggérés. Avec tellement de délicatesse et de poésie qu’on pourrait presque s’en arrêter là. Mais le reste de l’album nous réserve bien d’autres surprises.
C’est l’histoire de ce moment à la fois anodin et extraordinaire qu’est une journée à la plage. Journée décomposable en une multitude de grandes aventures, d’observations… Des humains, des familles, des moments partagés tous plus touchants les uns que les autres, que le lecteur/la lectrice observe aussi par procuration. Parfois en se laissant surprendre par le point de vue. Où l’on s’attarde sur ce qu’il se passe, ce qu’on voit à un mètre du sol ou à peine plus. À hauteur d’enfant.
La narratrice, c’est cette fillette, maillot rouge et élastique assorti à qui on dit de creuser un trou dans le sable et, surtout, de ne pas s’éloigner. Alors elle creuse, trouve du sable sous le sable, puis des bouchons un peu plus profond et une mare d’eau enfin. Et voilà qu’au moment d’aller chercher des coquillages pour décorer, lui revient en tête l’injonction parentale. Elle s’éloigne juste un tout petit peu, en se disant qu’un parasol rouge, ça se repère de loin.
Un long périple, ponctué de tout ce qu’elle voit : des pieds en se baissant pour attraper des coquillages, des paires de fesses et des enfants à côté, des bateaux, des parasols. Une balade décomposée que servent merveilleusement le texte et l’illustration. Les mots glissent et roulent dans le creux de l’oreille, se relisent encore et encore, touchants de poésie quand les crayons de couleur réussissent à capter les détails, à montrer les humains dans toutes leurs différences. Et leur beauté aussi.
De zooms avant en zooms arrière, ça donne un côté presque cinématographique. Une séance hors du temps dont la caméra capterait cette lumière d’été un peu merveilleuse pour des planches parfois pleine page, parfois en mosaïque mais toujours fourmillantes, grouillantes de vie et sereines en même temps.