6 avril 1940 : un décret interdit la libre circulation des nomades et des roulottes… «en période de guerre, la circulation des nomades, des individus errants… constitue… un danger qui doit être écarté».
Octobre 1940 : les tziganes sont rassemblés dans un des camps fermés «le camp des Alliers» à Angoulême.
Ils y vivront 10 années dans des conditions inhumaines. D’autres camps seront créés en France pour les «accueillir». La raison invoquée de cet enfermement sera : «une aide à la sédentarisation, ne plus être itinérants, accéder à un logement». Ils vont survivre ou non dans ces camps pendant les années de guerre.
31 octobre1944 : la libération. Pourtant, le camp des Alliers n’ouvrira ses portes qu’à la fin de l’année 1946. «Les historiens estiment que les Allemands et les alliés auraient exterminé de 25 à 50 % de tous les tziganes européens». Avant cet épisode de souffrances, d’horreurs, ils vivaient en parfaite harmonie avec la nature. «Ils marchaient sur des chemins, sur le fil de leur vie, oscillation douce entre la roulotte et l’horizon toujours changeant des campagnes du Poitou. Sur ce fil jamais tendu, une vie rebelle, chahutée, chantée».
Une vie «hors normes» mais une vie heureuse !
Bien sûr, ils ne rentrent pas dans la «normalité». Ils sont fiers et ne désirent pas changer de mode de vie. Dans le camp des Alliers la vie va vite devenir une lutte quotidienne pour survivre. En 1946, quand ils seront enfin libérés, ils ne possèderont plus rien : ni vêtements décents, ni verdine ou roulotte, ni nourriture. Ils reprendront le fil de leur vie en sachant qu’ils ont tout à reconstruire.
J’ai travaillé plus de 10 ans avec la population tzigane, avec pour mission : «les amener au droit commun». J’ai côtoyé au quotidien des personnes fières de leur histoire qui ne souhaitaient pas intégrer des HLM. Ces familles, aujourd’hui, vivent toujours dans des caravanes, roulottes ou abris de fortune. Les familles ayant accédé à un logement traditionnel, ne tardent pas à solliciter un bout de terrain pour y installer une caravane et vivre à nouveau en harmonie avec la nature.
Le rejet qu’ils subissent depuis des siècles les amène à penser qu’ils sont tziganes et non «gadgi ou payo», même s’ils sont français depuis plusieurs générations. Je ne les ai pas toujours amenés «au droit commun», mais j’ai découvert des personnes particulières, attachantes et reconnaissantes pour le moindre service rendu. Conserver encore et toujours leur choix de vie dans le respect de ceux qui les respectent. Le lien familial reste leur force.
Dans ce livre vous découvrirez combien ce lien est important dans leur histoire, leur douleur, leur fierté. En effet, on «n’entre pas dans leur âme avec des chaussures», mais avec un profond respect pour leur amour des autres, pour leur liberté, leur fierté et la mémoire de leurs origines.
Un livre fort, bien que tout en nuances. Paola Pigani trouve les mots justes pour nous décrire les joies, peines ou souffrances de ce peuple si fier.
4 commentaires
Belle chronique écrite avec les tripes, ça se sent ! Merci Françou de donner envie de lire.
Merci Magali.
Peut-être arriverons nous à nous croiser cette année.
Bises
Paola est ma tatie coté paternel,Alba(Alexienne)est ma grand mere coté maternel… Un grand merci pour ce temoignage plus proche d ela realité qu’on ne l’imagine…
[…] avis: ils ont aimé… ou pas, voir les blogs du festival AlphaLire, La soupe de l’espace, […]